XII. "Egaré en chemin."

Abandonné,

corps et âme,

miroir brisé,

entre ses éclats,

le sang à peine coagulé,

ma vie achève de s'écouler.

J'ai fait l'impossible pour ne supprimer aucun de mes écrits,

je ne voulais pas quelque chose qui soit plaisant, facile à digérer,

mais bel et bien laisser place à l'imperfection.

Si cela peut te faire littéralement vomir

tu ne pourras que mieux comprendre mon état présent.

Abandonné,

corps et âme,

dans l'éclat de ses yeux,

perdu dans l’abîme de son absence,

ma vie en chute libre.

Ce n'est pas lié, mais comme je ne peux et ne veux pas mourir,

surtout pour éviter de peser dans ta balance qui est déjà bien penchée.

J'envisage de laisser tout là et de rejoindre la rue.

Chacun de ces mots me révulse car je ne supporte plus quand mes paroles

ne sont pas suivies d'actes et je n'ai pas assez de certitudes sur l'avenir

pour être certain que je ne vais pas trahir ma parole.

Abandonné,

corps et âme,

miroir brisé,

entre ses éclats,

mon sang déjà séché

ma vie s'est écoulée.

Il ne faut pas chercher à comprendre, à analyser pourquoi j'en suis arrivé là.

Peut être comme tous les rêveurs, je n'ai jamais voulu me plier,

plus longtemps que nécessaire, aux règles insupportables de ce monde.

Ce qui est important est que d'autres iront plus loin que moi,

au delà des limites de l'univers connu, ils trouveront une façon d'être

où l'on est pas plus esclaves de la raison que de l'intuition,

où l'on jouit enfin réellement du libre arbitre.

Ce qui est important est que d'autres iront chercher des fragments d'horizons inédits,

pour susciter l'envie d'un autre monde.

Ce qui est important est que d'autres ramèneront le témoignage d'autres formes de vies.

J'aurais pu écrire :

Condamné,

sans espoir aucun,

il ne me reste plus qu'à hurler à la mort

et prier, fort, pour qu'elle vienne me chercher

après la fin.

Il y a quelques années, aujourd'hui j'ai égaré le mal-être en chemin,

j'ai le regard lucide de celui qui refuse de raconter des histoires comme si j'étais le nombril du monde.

Ce qui a changé depuis mes premiers pas dans l'océan.

C'est que je garde toute ma haine pour moi.

Jusqu'au jour où j'aurai la force de mettre un terme à l'illusion de la vie pour naître dans tes bras.

Ce qui a changé depuis mes premiers pas dans le néant.

C'est que je garde aussi mon amour pour toi,

jusqu'au jour où j'aurai la force d'ouvrir une parenthèse dans ma vie pour te laisser renaître dans mes bras.

Ce qui a changé depuis mes premiers pas dans le présent.

C'est que je garde l'espoir que nous tenions le même crayon comme si ce fut le fil de nos vies qu'il traçait.